L'histoire de ... Marie-Louise Gay
Depuis combien de temps êtes-vous auteur(e)/illustrateur(trice)?
Depuis 30 ans environ. J'ai commencé en faisant des bandes dessinées, ensuite je suis allée vers l'illustration éditoriale pour les revues et les journaux et finalement, une maison d'édition m'a proposé d'illustrer un livre pour enfants. Ça été le coup de foudre! J'ai voulu ensuite écrire mes propres textes et les illustrer. Du coup, j'ai su que c'était ma voie. Depuis, j'ai écrit et/ou illustré plus de 70 livres pour enfants: livre cartonnés, albums-jeunesse et petits romans.
Est-ce un rêve d’enfance que vous avez réalisé?
Non, lorsque j'étais enfant je voulais être une actrice ou une archéologue. J'ai effectivement creusé beaucoup de trous pour trouver des fossiles et des vers de terre.Et j'ai été actrice de l'âge de 8 ans à 11 ans à la télévision et au théâtre. J'ai commencé à m'intéresser au dessin vers mes 16 ans...
Le tout début lorsque toutes les pistes sont à découvrir. J'adore explorer, rêver, esquisser toutes les possibilités d'une histoire.
Un livre jeunesse que vous aimez et que vous auriez aimé écrire/illustrer?
Il y en a tellement! Entre les histoires illustrées de Babar l'éléphant, les bandes dessinées de F'Murr telles le Génie des Alpages, tous les livres illustrés par Lisbeth Zwerger, les petits romans tel Cabot-Caboche de Daniel Pennac ou l'extraordinaire série de C.S. Lewis, Les histoires de Narnia, je ne saurais lequel choisir...
Comment est né Mustafa?
Il y a quelques années j'ai voyagé en Serbie et lorsque je suis arrivée à Belgrade les parcs étaient remplis de familles de réfugiés qui attendaient le prochain autobus, camion ou autre moyen de transport qui les emmeneraient vers une autre destination, souvent inconnue, ou ils devraient recommencer une nouvelle vie. Une situation triste et difficile. Mais tandis que les adultes semblaient sérieux et inquiets, je voyais les enfants, jouer, rire et observer l'étrangeté de ce nouveau monde je m'imaginais comment ils s'adapteraient à ce qui allait être leur nouveau pays, en Allemagne, en France, au Canada etc. Je pensais à la résilience, la curiosité et l'ouverture d'esprit des enfants. J'ai commencé à penser à un petit Mustafa qui observerait un monde où tout était différent et comment il évoluerait.
Avez-vous des anecdotes ou des défis vécus durant le processus de création?
Me mettre dans la peau d'un enfant qui a perdu ses repères me semblait difficile au début. Mais je me suis rappelé que lorsque j'avais cinq ans ma famille a déménagé en Ontario et lors de ma première journée à l'école, j'ai compris que les autres enfants parlaient une langue que je ne connaissais pas. J'étais complètement perdue. C'est en partie ce qui a nourri l'écriture de Mustafa.
Les parents pourraient demander à leurs enfants s'ils connaissent un enfant dans leur école ou dans leur quartier qui vient d'ailleurs ou qui ne parle pas français. Et laisser leur enfant suggérer des façons d'accueillir, de comprendre, d'aider l'enfant migrant ou réfugié à s'intégrer.
Le plus beau compliment qu’on peut vous faire sur vos œuvres?
Quand un enfant me dit qu'il se reconnait dans un de mes personnages: "...Moi, je suis comme Stella!..."
Un projet futur?
J'ai toujours un projet en cours (parfois même deux) sur ma table à dessin mais je n'en parle jamais d'avance! Je suis trop superstitieuse!